« L’enfer du méchant est d’être réduit à vivre seul avec lui-même, mais c’est le paradis de l’homme de bien, et il n’y a pas pour lui de spectacle plus agréable que celui de sa propre conscience. » C’est dans cet état d’esprit, mais aussi pour justifier son choix de la « retraite » – si singulier pour les hommes des Lumières –, que Rousseau, en janvier 1762, rédige ces quatre lettres à Malesherbes. Premier texte autobiographique du citoyen ermite, « sommaire » des Confessions, ces lettres sont rarement éditées pour ellesmêmes : elles concentrent pourtant les grands thèmes de la pensée de Rousseau et constituent un excellent moyen d’aborder son oeuvre. Sainte-Beuve considérait qu’il n’avait « rien écrit de plus beau ».
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Lettres à Malesherbes, Jean-Jacques Rousseau
Les Lettres à Malesherbes et les Confessions ont été inspirées à Rousseau par le même désir de faire pièce aux images fausses de lui-même en se faisant voir sous son vrai jour, que lui seul, précise-t-il, pouvait connaître, et de persuader le lecteur de la vérité de cet autoportrait. Nous verrons que dans leur brièveté même, produit des circonstances (Rousseau pensait toujours que le temps lui était compté), ces quatre lettres concentrent, en quelque sorte, l'inspiration apologétique de son autobiographie ; elles doivent donc être aussi considérées dans leur visée argumentative.
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